23 Mars 1817 : Naissance d’Eugène RITT

 

Vous connaissez aujourd’hui l’Hôtel de Ville d’Epinay-sous-Sénart, mais connaissez-vous l’histoire de celui qui fit construire cette demeure pour en faire un lieu de villégiature ? C’est l’aventure peu banale d’un vendeur à la criée devenu directeur de l’Opéra de Paris.

 

Eugène RITT nait à Paris le 23 mars 1817 mais passe son enfance à Strasbourg.  A 17 ans, il revient à Paris pour embrasser la carrière de comédien. Il joue principalement en banlieue dans des rôles secondaires. Le succès qui le fuit l’encourage à changer de métier. Médiocre comédien, il se transforme en homme d’affaires habile et ingénieux, vendant des sangsues mécaniques puis de la viande à la criée au carreau des halles. C’est le début de sa fortune.

Pourtant, Eugène RITT revient au théâtre, d’abord comme administrateur du Théâtre de  l’Ambigu puis, en 1859 comme co-directeur. Il passe ensuite à l’Opéra-Comique qu’il codirige avec Adolphe de Leuwen (décembre 1862 – janvier 1870).

C’est en septembre 1873 qu’il s’associe avec Henri La Rochelle pour codiriger le Théâtre de la Porte Saint Martin qui vient d’être reconstruit.  Le succès du Tour du Monde en 80 Jours (adapté par Enery d’après le roman de Jules Verne), Lucrèce Borgia, Les Misérables ou les Deux Orphelines feront leur fortune.  Le duo reprend également la direction du Théâtre de l’Ambigu avant de se séparer en 1878. 

 En 1884, il est nommé directeur de l’Opéra Garnier  qu’il codirige avec Pierre Gailhard  pendant 7 ans.(29 novembre 1884 – 31 décembre 1891).

La première année est désastreuse. Le choléra sévit dans Paris, les théâtres sont déserts et le peu d’argent qui entre ne sert qu’au fonctionnement du bâtiment. Une anecdote rapporte qu’un soir, « le caissier ayant fait son bilan, après avoir payé toutes les dettes d’exploitation, présenta comme actif une somme de 7 francs. Ritt, déjà malade depuis quelques mois, était mourant, il éprouva une telle secousse à l’annonce de cette situation que l’émotion lui fut salutaire et que la commotion le remit sur pieds ». Fort heureusement, l’Opéra redevint prospère.

Considéré comme une figure très parisienne, d’un caractère affable  (il est surnommé le bon père RITT), il a un gout prononcé pour la musique (après l’expiration de son privilège de directeur, devenu simple abonné, il se montre à toutes les représentations malgré son âge avancé). D’un caractère méticuleux, il ne quittait pas l’Opéra avant d’avoir épluché tous les comptes avec un soin méthodique.

A la fin de sa vie, Eugène RITT se consacre a à des activités philanthropiques, la présidence de l’Association des Artistes Dramatiques et de l’œuvre de bienfaisance « La bouchée de pain ».

En 1869 il achète un terrain et une maison à  Epinay-sous-Sénart pour en faire une demeure de campagne. Il fait raser la maison et en 1891, la maison telle que nous la connaissons sort de terre. Eugène devient également conseiller municipal.

Il décède le 11 mars 1898 à son domicile parisien du 6, rue de Balzac. L’hôtel particulier où vécut, avant lui, Honoré de Balzac

 

Eugène Ritt s’était marié à deux reprises, avec Henriette Weller puis avec Rose Veller mais n’avait pas eu d’enfant.  Sa veuve adopte, en 1900, leur jeune protégée, Charlotte Lesbros épouse de Jacques Froment-Meurice, qui ajoute RITT à son nom de jeune fille.

 

 

 

Mars 1793 : Comment les arbres d’Epinay-sous-Sénart équipèrent les soldats de l’An II

 

Depuis 1792, les monarchies étrangères envoient des troupes aux frontières de la France afin de l’envahir. En février 1793, le gouvernement révolutionnaire décide la levée en masse de 300 000 hommes, célibataires, de 18 à 25 ans. Les fameux soldats de l’an II de Victor Hugo. Ces soldats, il faut les vêtir et assurer leur subsistance aussi les communes sont elles mises à contribution.

 

 

Epinay-sous-Sénart est trop pauvre pour verser de l’argent. Le Maire de l’époque, Nicolas VAST s’exprime ainsi devant la population, le 10 mars :

« Citoyens, il existe dans l’étendue du territoire de cette commune différents arbres qu’il est instant de vendre pour subvenir au besoin de nos frères d’armes qui vont se rendre aux frontières.  Au mois d’août dernier, nous avons fait des efforts pour habiller et armer les citoyens de cette commune qui se sont dévoués à la défense de la patrie, aujourd’hui les mêmes besoins se renouvellent d’une manière encore plus importante. » Il propose donc de vendre des arbres sur pied, charge aux acquéreurs de les payer comptant, de  les arracher, de les enlever et de reboucher les trous.  Les arbres à vendre seront  divisés  en 3 lots :

Le premier lot est constitué 3 ormes dont 2 situés dans le village sur la place et le 3ème dans le milieu du chemin d’Epinay à Boussy Saint Antoine

Le second lot est composé des bois qui sont  dans le cimetière de cette paroisse. (Le cimetière se trouvait  près de l’Eglise à coté de la Ferme, vers l’emplacement actuel du Petit chalet. L’Eglise fut démolie en 1820 et le cimetière abandonné)

Le 3ème lot comprend 3 gros ormes sis sur le carrefour de la Croix de Rochopt. Or ce carrefour est un lieu de pèlerinage.  Les habitants d’Epinay ont fait planter une croix en pierre et chaque année viennent en procession faire le tour du carrefour et de la croix.

La vente de ce troisième lot mécontente particulièrement le citoyen Neveu qui avait pour projet de faire valoir ses droits sur  le carrefour qui jouxte sa terre. Afin d’affirmer sa propriété, il vient même d’y planter un pommier.

 

La polémique avec la Mairie continue, tant et si bien que le 17 mars le troisième lot est retiré de la vente. L’affaire est portée devant le syndic de Corbeil qui donne raison au citoyen Neveu et le 21 mars, Nicolas VAST déclare que la commune abandonne les 3 ormes qui sont situés autour de la croix Rochopt mais que les habitants conservent toujours les mêmes droits d’aller en procession autour de la croix