De l’après seconde guerre mondiale au milieu des années cinquante à Epinay-sous-Sénart

 

A la fin de la seconde guerre mondiale, en la France et notamment en région parisienne la crise du logement sévit. 1/5 ème des logements a été rendu inutilisable par la guerre (460 000 immeubles irrécupérables et 1,9 millions endommagés). Le retour de la paix et la modernisation économique qui y fait suite entraînent une ère de croissance démographique, l’exode rural et les décolonisations, un afflux de main-d’œuvre qu’il devient impossible de loger décemment, la reconstruction n’ayant pas suivi le même rythme.

 

A Epinay-sous-Sénart, petit village agricole, la crise du logement se fait aussi sentir. Nombre de jeunes couples ou de familles ne trouvent pas à se loger alors que beaucoup d’habitations du village, résidences secondaires, restent vides une grande partie de l’année parce qu’elles sont inhabitées soit par le propriétaire soit par des locataires qui les utilisent comme résidence secondaire ou comme garde meubles. En effet, il s’agit souvent de propriétés modestes, mal entretenues qui, pour certaines, viendront, dans les dix années à venir, grossir les rangs des logements insalubres, Le 11 octobre 1945, une ordonnance gouvernementale met en place la possibilité de réquisitions. Chaque ordre de réquisitions fait l’objet de protestations de la part des propriétaires ou des locataires. La situation est souvent la même : Des gens modestes qui, pour des raisons de santé, n’ont pu résider à Epinay mais qui vont y revenir très prochainement. Pour les propriétaires s’ajoute l’argument de la vente impossible puisque la maison est louée même si le locataire n’y réside pas de façon permanente. Du côté des bénéficiaires, les demandeurs doivent se trouver dans les situations suivantes : Fonctionnaire déplacé pour des raisons de service, engagé volontaire dans la France libre après 3 ans d’engagement, prisonnier démobilisé postérieurement au 25 avril 1944 ayant au moins 3 ans de captivité, déporté politique, sinistré de guerre résidant dans le département antérieurement au sinistre, chef de famille, cas spéciaux). On compte 8 réquisitions entre 1946 et 1952 dont 5 en 1946.

 

La municipalité consciente de la nécessité de loger ces nouveaux arrivants, décide de favoriser le logement individuel. Ainsi elle donne un avis favorable à deux projets qui n’auront pas de suite immédiate : En 1953 elle émet un avis très favorable à un projet de lotissement ar Monsieur Lefort, du Parc Talma, à cheval sur les communes de Brunoy et d’Epinay. Monsieur Lefort qui a le projet de lotir ce terrain depuis son achat en 1943, s’engage à prendre à sa charge les frais de viabilité du lotissement de 350 maisons. Ce projet aurait pour effet d’augmenter la population d’Epinay sous Sénart de 40%  (Ce projet, sans suite pendant des années, sera représenté par la Société Lefort en 1968 sous la forme de 1000 logements collectifs : 400 à Epinay et 600 à Brunoy). Un autre projet de lotissement est en cours en 1955,  à la Grande Louvière. Le rythme des constructions est assez lent, en dix ans, de 1950 à 1960, seules 19 demandes de permis de construire concernant des constructions ou des extensions de bâtiments déjà existants sont déposées, parmi eux 2 maisons qui font partie du lotissement Les castors du Gord dont les autres bâtiments se trouvent sur la commune de Boussy St Antoine

 

L’inscription d’Epinay-sous-Sénart dans la Zone à Urbaniser n°14



Le 31 décembre 1958, un décret donne naissance aux Zones à Urbaniser en Priorité (ZUP) qui permettent d’associer la création de logements et les équipements nécessaires.

 

Un décret du 9 mars 1959 fixe les pouvoirs du commissaire à la construction et à l’urbanisme pour la région parisienne. Le 14 avril 1959, un arrêté du commissaire à la construction et à l’urbanisme pour la Région Parisienne prescrit l’établissement d’un plan directeur d’urbanisme intercommunal portant le n° 14 et intéressant les communes de la vallée de l’Yerres : Brunoy, Epinay-sous-Sénart, Montgeron, Valenton, Villeneuve St Georges et Yerres.

 

Lors de la séance du 28 mai, le maire, Maurice Deslandes informe le conseil municipal des nouvelles dispositions concernant le classement d’Epinay sous Sénart dans un ensemble de communes de la région parisienne pour lesquelles un plan d’urbanisme intercommunal a été prescrit. Le conseil considère qu’aucun aménagement de la commune n’a été prévu dans le plan d’urbanisme de 1955, que bien que non classée, la vallée de l’Yerres est reconnue comme : « le site le plus agreste de la banlieue ».

Le conseil municipal proteste énergiquement contre une décision prise à son insu et demande que la commune soit radiée de la liste des communes qui figurent à l’ensemble n°14.

 

Lors de la même séance est annoncée l’acquisition des terres de la ferme par la Caisse des Dépôts et Consignations, soit près d’un tiers de la superficie de la commune. Le conseil municipal s'émeut de la non prise en compte:

 

1)    de la demande de classement de la Vallée de l'Yerres comme site remarquable par la commission des sites de Versailles. (19 juin 1945)

2)    du désir d'encourager la construction de pavillons (3 avril 1953)

3)    de l'avis défavorable émis pour la construction des 600 logements type « logéco » (28 avril 1958)

 

Il s'inquiète de voir sa population multipliée par 20 ou 30 et des conséquences que cela pourrait avoir tant pour la commune que sur le plan intercommunal.

Au cours de l’année 1959, les communes de Boussy Saint Antoine, Brunoy et Mandres les Roses appuient la position d’Epinay sous Sénart.


L’inscription d’Epinay-sous-Sénart dans la Zone à Urbaniser n°14 suite (1960-1962)

 

Le PADOG (Plan d’Aménagement et d'Organisation Générale de la Région Parisienne) créé le 31 décembre 1958 est approuvé par décret le 6 août 1960. Il prévoit de désengorger Paris en éliminant les ilots insalubres et de densifier la banlieue. Il est opposable aux administrations puis les plans locaux qu’il a établi sont opposables aux tiers.

 

Une réunion a lieu en Mairie le 9 février 1961 avec les représentants de la Caisse des Dépôts et Consignations. L’architecte de la Caisse des dépôts, Jean MANNEVAL est pressenti pour étudier un avant projet d'urbanisme intercommunal concernant les communes d'Epinay, Quincy et Boussy. L’objectif est de construire le Grand Ensemble du Val d’Yerres et d’unifier Epinay sous Sénart, Boussy Saint Antoine et Quincy sous Sénart dans une même agglomération.

Le 14 novembre le Conseil municipal rejette une demande de permis de construire de la CIRP pour 371 logements dans le cadre du projet d'urbanisme intercommunal de l'aménagement de la vallée de l'Yerres. Il motive son refus par des raisons d’ordre administratif, de sauvegarde du site et d’infrastructure. Il fait remarquer que le lotissement projeté se trouve en dehors des zones réservées à l’habitation, zones définies dans une délibération du 16 juin 1961 transmise au Service de l’urbanisme à Versailles.

 

2 novembre 1961, un second arrêté du commissaire à la construction et à l’urbanisme pour la Région parisienne étend le plan directeur 14 au communes de Boussy-Saint-Antoine, Quincy-sous-Sénart et Varennes-Jarcy. Le même commissaire charge Jean MANNEVAL, par arrêté du 30 novembre 1961, de l’élaboration d’un plan d’urbanisme de détail intéressant les 3 communes Epinay, Boussy et Quincy.    

                                                          

La CIRP redépose un deuxième permis de construire, rectifié. Le Conseil municipal du 10 juillet 1962, à l’unanimité, donne un avis défavorable. Il considère que « ce rectificatif n’apporte aucune solution et que sur le plan architectural, il est très nettement en retrait par rapport au projet initial ».

 

 

Le 28 septembre 1962Le  Maire et le conseil municipal d'Epinay-sous-Sénart:

 

  1. Maintiennent une opposition à toute modification préalable du périmètre actuel.
  2. Décident d’émettre un avis favorable au principe de la construction de groupes d’habitations dans le cadre de l’aménagement de la Vallée de l’Yerres.

 

 

Avec cette approbation, l’urbanisation d’Epinay est en marche. En 13 ans  la ville passe de 872 habitants en 1962 à 14861 en 1975.

 

1963-1970 : construction des logements à Epinay :

 


 

Lotissements pavillonnaires

 

Nom de l’opération

Nombre de logements

Date de mise en chantier

La Croix Rochopt

380

1963

Les Petits Sanceaux

83

1967

Le Clos Guillaume

64

1968

Le Pré aux Agneaux

104

1968

Le Gué Mandres

86

1969

 

 

 

TOTAL

717

 

 

Immeubles collectifs

 

Nom de l’opération

Nombre de logements

Date de mise en chantier

La Plaine I

1064

1965

Les Gerbeaux

810

1967

Centre Commercial Principal

132

1968

La Plaine II

734

1968

La Plaine III

473

1968

Talma

473

1970

TOTAL

3535

 

 

 

 

 

En novembre 1966, les logements de la Croix Rochopt sont achevés, les premiers habitants arrivent. Les 1064 logements de la Plaine I Sud sont mis en location à partir d’avril 1967.

En octobre 1971, les résultats du recensement de population attribuent à la ville 9954 habitants au 1er janvier 1972. Cependant, l’achèvement complet, en novembre 1971, de 3939 logements constituant l’opération Epinay-sous-Sénart du Grand Ensemble Immobilier du Val d’Yerres a occasionné une forte poussée démographique. Les chiffres d’octobre 1971 sont largement dépassés et lors du Conseil municipal du 30 mars 1972, le nombre d’habitants peut être évalué à 11 000.